Les personnes souffrant de TCA croient que la solution à leurs problèmes avec l’alimentation réside dans le maintien du contrôle. Alors qu’en fait, la clé de l’équilibre alimentaire est la maîtrise.
Aujourd’hui, je vais te parler de la différence subtile mais fondamentale qui existe entre la notion de « contrôle » et la notion de « maîtrise ».
A l’heure actuelle, tu es sûrement dans une recherche de contrôle quasi-permanente. Tu veux avoir le contrôle sur ce que tu manges, sur le nombre de calories que tu avales, sur celles que tu brûles, sur le poids que tu fais, sur le poids que tu veux perdre, sur l’activité physique que tu pratiques, sur tes sorties, sur ton emploi du temps, sur ci, sur ça, bref : sur un peu tout dans ta vie.
Cette recherche de contrôle existe parce qu’elle te RASSURE. Ce n’est pas pour rien que la plupart des TCA débutent dans l’adolescence, car s’il y a bien une période de la vie qui est très anxiogène, c’est celle-là.
L'illusion de contrôler Ta vie
On ne sait absolument pas comment notre vie va tourner, les amis vont et viennent, les rapports se compliquent avec l’apparition du désir, on se compare les uns aux autres (et surtout les UNES aux autres) et les complexes pointent le bout de leur nez jusqu’à devenir des obsessions.
D’un point de vue physique, tout nous échappe : notre corps et notre visage changent sans nous demander notre avis ; on a les seins qui poussent alors qu’on n’en voulait pas forcément ; on découvre les points noirs, les boutons ou l’eczéma ; on commence à avoir des poils, des hanches, de la cellulite (pour les plus chanceuses !) et on découvre la joie d’avoir nos règles, avec toutes les gênes et les douleurs que cela suppose.
Et alors que jusque là les hommes nous regardaient avec attendrissement, aujourd’hui ils nous déshabillent du regard, ce qui peut être très troublant, voire franchement désagréable. En clair : c’est une période de bouleversements énormes que, personnellement, je ne revivrais pas, même pour 1 million… !
Face à ces changements nombreux et très stressants, certaines – dont j’ai fait partie – développent des Troubles du Comportement Alimentaire, souvent dans l’espoir de reprendre le contrôle sur au moins quelque chose. En l’occurrence, leur poids. Le problème, c’est que cette volonté de contrôle est illusoire : si au début elle peut procurer des résultats satisfaisants – le premier régime est toujours un succès ! – elle devient très vite une obsession qui nous « bouffe » la vie (sans mauvais jeu de mots).
Entre 13 et 15 ans, j’ai passé deux ans à faire de l’anorexie ; de mes 15 à mes 28 ans, j’ai fait 13 ans de boulimie.
J’emploie volontairement le verbe « faire », car je crois en la responsabilité de chacun dans le développement et le maintien d’un TCA et dire « j’ai souffert de » m’apparaît aujourd’hui comme une habile manière de se dédouaner et donc… de ne pas se prendre en main. Ne le prends pas mal : c’est une manière de voir les choses bien plus salutaire, car elle signifie que ta guérison t’appartient.
Bon, maintenant que j’ai fini de ne rien t’apprendre, je vais pouvoir entrer dans le vif du sujet !
Contrôle et maîtrise : les différences
Depuis que j’ai guéri ma boulimie, je peux dire que je ne cherche plus du tout à contrôler ma vie. Cela veut-il pour autant dire que je me lève et me couche quand bon me semble, que je ne prévois jamais mes repas ou mes tenues à l’avance, que je refuse de planifier mes week-ends et mes vacances, que je me laisse quotidiennement porter par le vent telle un akène de pissenlit et que c’est là la recette du bonheur et du succès ? …Non. Clairement pas.
L’idée n’est pas de choisir entre l’hyper-contrôle et le je-m’en-foutisme total, mais de trouver un juste milieu qu’on appelle : la maîtrise.
Afin de bien différencier contrôle et maîtrise, rien ne vaut le pouvoir d’un petit exemple…
J’ai un chien. (Oui, je sais, tu t’en fous. Calme-toi : tu vas voir pourquoi j’en parle…) Pour son équilibre, il a besoin d’avoir une bonne alimentation, de l’amour, des repères (conférés par les habitudes et le dressage) et des sorties.
Si je veux contrôler mon chien lors de ces sorties, je vais le tenir en laisse ultra courte afin qu’il ait toujours la tête collée contre ma cuisse, je ne le laisserai jamais fureter, même un peu, ni renifler le sol ou les talus et encore moins – horreur !! – aller à la rencontre de ses congénères. À la moindre incartade ou début d’incartade, je le corrigerai fermement, afin d’annihiler en lui tout désir de liberté.
La balade se passera en tous points comme JE l’aurai décidé. J’y trouverai un grand confort car je n’aurai pas à m’adapter à ses besoins, et beaucoup de satisfaction car les personnes que je vais croiser ne manqueront pas de me dire que j’ai extrêmement bien élevé mon chien et que c’est la classe à Dallas de se faire obéir ainsi au doigt et à l’œil. Le problème, c’est que l’absence totale de liberté accordée à mon chien durant cette balade n’aura pas servi son équilibre et son épanouissement. Si je ne lui propose que des promenades de cet acabit, j’aurai un chien obéissant mais pas très heureux… Et en allant sans cesse à l’encontre de ses besoins naturels, je prends le risque qu’un jour, il pète un câble et se retourne contre moi de manière imprévue et violente, au point d’anéantir tout rapport de confiance entre nous.
Dans cette situation, je suis dans le contrôle de mon chien.
A présent, imaginons que lors des promenades avec mon chien, je décide de lui accorder un peu plus de liberté. Je lui permets de marcher légèrement en avant de moi et j’allonge un peu sa laisse. Il peut sentir les différentes odeurs alentours, fureter ici et là sans me gêner pour autant, prendre une minute pour sentir un autre chien avant de continuer sa route. De temps en temps, lorsque la situation le permet, je lui accorde le privilège d’être sans laisse, pour le seul plaisir de le voir courir, libre et heureux d’aller où il veut, tout en sachant qu’il est dressé à revenir au rappel et qu’il est suffisamment équilibré pour ne pas être un danger pour les autres.
Ma balade comportera quelques imprévus : des rencontres désagréables quand on me regardera de travers parce que mon chien gambade sans laisse, d’autres plus sympathiques où j’échangerai quelques mots gentils avec d’autres propriétaires de chiens ; peut-être qu’il marchera dans la boue ou se roulera dans une charogne à l’occasion et que je devrai le laver en rentrant… que sais-je encore ? Mais ce dont je suis sûre, c’est qu’il aura passé un très agréable moment et comme son bonheur contribue à faire le mien, je me sentirai bien moi aussi.
Dans cette situation, je suis dans la maîtrise de mon chien.
Tu ne comprends toujours pas pourquoi je t’ai bassiné 50 ans avec les promenades de mon chien et tu penses que je dois te rembourser les 4 dernières minutes de ta vie ?
Détends-toi : je t’explique tout, tout de suite.
Imagine à présent que cet exemple soit une métaphore où le chien représente ton corps, et où les libertés que tu décides de lui accorder ou non sont tes choix alimentaires. Ça laisse songeur, n’est-ce pas ?
« Haaaaaan… c’est pour ça qu’elle m’a pris la tête avec son clébard, l’autre !! » Eh bah oui !
Contrôle et Maîtrise de ton alimentation
Lorsque tu es dans le contrôle de ton alimentation, tu comptes toutes tes calories, tu élabores tes menus en fonction d’un quota à ne pas dépasser, tu fais toujours des choix sains pour être en bonne santé, sûre que tous tes besoins en acides gras, micro-nutriments, oligo-éléments et vitamines sont couverts, tu vérifies l’équilibre des macro-nutriments, tu manges à heures fixes des quantités pré-établies, indépendamment de ta faim, de tes désirs ou de tes envies du moment.
Tu nies toute variation possible dans tes besoins quotidiens et tu restes sur un nombre de calories fixes à manger chaque jour, dans le seul but de perdre de plus en plus de poids. Quand tu y arrives, tu éprouves beaucoup de satisfaction en montant sur la balance, ainsi que dans le regard et les compliments des autres : seules comptent ton apparence et l’atteinte de ton objectif de poids. Tu te sens toute puissante.
En restant dans le contrôle, tu prends le risque de dérégler complètement ton métabolisme, de perturber ton fonctionnement hormonal et de stresser ton corps au point qu’il finisse un jour par t’intimer l’ordre de te gaver de nourriture au point de ruiner tous tes efforts passés et ne te laisse plus jamais retrouver la sérénité vis-à-vis de ton alimentation, parce qu’il n’aura plus du tout confiance en toi.
Tu vois, c’est exactement comme mon chien dont le comportement va se retourner contre moi si je ne lui laisse jamais de liberté.
En revanche, lorsque tu es dans la maîtrise de mon alimentation : tu sais que tes besoins journaliers peuvent varier en fonction de critères fiables mais mouvants tels que ta faim, ton emploi du temps, ton activité physique ou les phases de ton cycle menstruel. Tu connais les bases de l’équilibre alimentaire et tu les respectes parce que tu t’aimes et que tu mérites la bonne santé. Ceci étant, tu veilles à toujours choisir des aliments que tu apprécies afin de te sentir pleinement satisfaite, et tu ne te soucies jamais d’en peser les quantités ou de compter leur valeur énergétique. Tu manges avec plaisir et jusqu’à satiété complète, sans la moindre arrière-pensée. Si tu as une envie particulière pour un aliment dit « malsain », tu y réponds sans culpabiliser, tu apprécies de le déguster et tu en prends dans des quantités normales parce que tu sais que tu y auras accès à l’envie, toute ta vie.
Tu éprouves de la satisfaction à table et tu te sens apaisée vis-à-vis de la nourriture, tu y penses très peu chaque jour. Tu as des règles normales et prévisibles, un système hormonal au top et côté balance, soit tu descends tout doucement et sans effort particulier vers ton poids idéal (celui auquel ton corps se porte le mieux), soit tu restes stable toute l’année parce que tu y es déjà. Tu ne te soucies plus du tout du regard et du jugement des autres : seuls comptent ton bien-être, ton moral et ton équilibre. En t’alimentant ainsi, tu entretiens un rapport sain avec ton corps. Tu le connais et le respecte, il peut fonctionner de manière optimale et toi, tu peux te concentrer sur ton épanouissement personnel, ta famille, ton travail, tes projets, tes loisirs, bref : tu peux tout simplement… VIVRE !
Contrôle
VS
Maîtrise
Dans le contrôle, tu es centrée sur ce que veut ton « ego ». Peu importent les besoins nécessaires au bon fonctionnement de ton corps et à son équilibre : seuls comptent les exigences fixées par ton mental et ton objectif de poids, dont tu juges l’atteinte indispensable pour te sentir heureuse, canon et te faire mousser.
En refusant de reconnaître les besoins réels de ton corps, tu prends le risque de l’affaiblir au point de tomber malade et en le stressant à ce point, tu creuses toi-même le lit de tes compulsions alimentaires.
Dans le contrôle, tu te nies.
Dans la maîtrise, tu es dans la connaissance exacte des besoins de ton corps et tu y réponds avec respect, tout en laissant une place à l’imprévu, aux changements de dernière minute et aux envies soudaines. Tu trouves chaque jour le juste équilibre entre plaisir et santé, hédonisme et bonne hygiène de vie, petit grain de folie et bon sens élémentaire, afin de satisfaire pleinement tes dimensions à la fois physique, mentale et émotionnelle. Tu as avec ton corps une relation saine qui te sert de tremplin pour mener à bien toutes les activités de ta vie, et ce n’est pas près de changer !
Dans la maîtrise, tu te vis.
Et là, tu as pigé la différence entre contrôle de ton alimentation : ce dans quoi je ne m’inscris plus du tout, et maîtrise de ton alimentation : ce que je prône et applique au quotidien.
En résumé, retiens bien ceci : si tu stresses ton corps en le mettant à l’épreuve de l’hyper-contrôle alimentaire et de la restriction calorique, tu ne pourras pas récoler le bien-être et l’équilibre.
De la pure logique...
C’est mathématique : si tu additionnes deux valeurs négatives, tu obtiens une plus grosse valeur négative.
Hyper-contrôle alimentaire + restriction calorique = compulsions alimentaires.
En revanche, si tu additionnes deux valeurs positives, tu obtiens une plus grosse valeur positive.
Maîtrise de ton alimentation + respect de tes besoins = rapport parfaitement normal avec la nourriture.
Si tu sèmes le négatif, tu récoltes le négatif.
Si tu sèmes le positif, tu récoltes le positif.
(Eh, je jure que je l’ai pas pompée sur Petit Bambou celle-là !)
Tu te demandes sûrement pourquoi tu n’arrives pas à te sortir de la boulimie et pourquoi les compulsions alimentaires font toujours partie de ta vie, malgré tous tes efforts ? Observe la polarité de tes efforts : sont-ils négatifs (restriction, compensation, interdiction…) ou positifs (respect, plaisir, équilibre…) ?
Si tes efforts sont de polarité négative, tu récoltes le négatif ; s’ils sont de polarité positive, tu récoltes le positif. C’est pas plus compliqué que ça !
Cela dit, c’est dur de quitter des schémas auxquels on est habituée, parfois depuis très longtemps. De lever des interdits, dépasser des blocages, débunker de vieilles croyances… Cela peut faire très peur et te donner l’impression d’être perdue ou déboussolée, sans aucune garantie d’arriver à ton but.
Lorsqu’on dit à une femme qui a l’habitude de tout contrôler concernant son alimentation, qu’il va falloir lâcher ses plans alimentaires et ses comptes de calories (voir article : « Pourquoi les calories sont-elles à oublier ? »), elle est immédiatement très effrayée à l’idée de perdre tout contrôle vis-à-vis de la nourriture, de finir par devenir devenir obèse et de ne plus jamais pouvoir se nourrir normalement.
Si tu veux VRAIMENT en finir avec la boulimie mais que tu ne sais ni par où commencer ni comment faire, je t’invite à rejoindre la formation « Ma Vie Sans Crise » conçue pour que tu puisses quitter définitivement l’enfer de la boulimie ou de l’hyperphagie et retrouver une vie de femme épanouie, libre et heureuse. J’y consacre un module entier à la connaissance de ses besoins individuels et à la manière d’y répondre.
En attendant, tu peux toujours télécharger ton e-book gratuit plus bas, pour prendre conscience des comportements qui nourrissent tes TCA et en adopter de plus ajustés.
Je te souhaite de passer une très bonne journée et n’oublie pas : c’est TOI et uniquement TOI qui as la maîtrise de ta vie…